« L'énigme des relations et de la poétique des objets ? »

Donatella Caprioglio

Au début il n’y a qu’une tasse qui surgit à la vie, tout comme un enfant qui fait ses premiers pas et va spontanément vers l'autre. Puis les liens deviennent complexes comme est la nature des choses et nous assistons, spectateurs enlevés par l'inévitable jeu de la vie, et voudrions que cet enfant ne soit pas contaminé trop tôt et il qu’il subsiste en lui un regard de surprise toujours ouvert.
Cet imaginaire universel, nous le trouvons dans l’œuvre de Patrick Depin, en une exploration quasi continue et aléatoire de l’utilisation d’un objet familier de notre quotidien, en lui donnant la forme des relations humaines, appliquant une esthétique qui utilise l'espace et les matériaux plus humbles avec une efficacité surprenante.
Avec ce prototype initial l'artiste se sent libre d’en jouer, de les retourner, de les superposer, créant des formes harmonieuses ou disharmoniques, d'inventer, sans le vouloir, un nouveau vocabulaire, un Rorscharch domestique qui porte à identifier facilement et à projeter un vécu relationnel, à rechercher dans une vision formelle notre histoire, nous amuser en inventant une autre représentant des émotions et des situations complexes avec la même légèreté du matériau dont est construit l’œuvre.

Ces tasse animées qui font écho à un inconscient communs sont des espaces mentaux dans lesquels se déclines sentiments et relations entre cris et chuchotement se tissent des discours entre les lignes, des énigmes se construisent à travers les différentes et nous dévoilent des mondes possibles qui nous font voir et sentir en même temps la lourdeur d’histoires de famille, la claustrophobie et la solitude des objets, la haine et l'amour conjugués, la tendresse extrême pour un simple objet transformé en poésie.